Des personnages illustres
Qui était François de Grossouvre ?
Marie François Durand de Grossouvre est né le 29 mars 1918 à Vienne (Isère), descendant d’une famille originaire du Bourbonnais (XVIe siècle) fixée sur la commune de Grossouvre (Cher) comme maître de forges à la fin du XVIIIe siècle. Fils du banquier Maurice Durand de Grossouvre et descendant direct de Jean-François Durand, seigneur de Grossouvre (1737-1802), famille de juges et officiers des Basses Marches du Bourbonnais.
Élevé chez les Jésuites au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, dans le 16e arrondissement de Paris, et à Franklin, il poursuit des études de médecine à Lyon. Il vouera d’ailleurs une véritable passion à la médecine tout au long de sa vie, sans n’avoir pour autant jamais exercé dans le civil.
La quarantaine venue, il enrichit son cursus d’un diplôme de rhumatologie et participe aux créations de la clinique Saint-Louis à Lyon et du centre anti-migraine de Vichy.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, François de Grossouvre est affecté comme médecin auxiliaire à un régiment de tirailleurs marocains avant de rejoindre une équipe d’éclaireurs skieurs dans le Vercors où il rencontre le capitaine Bousquet, membre de l’un des premiers réseaux de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA). De retour à Lyon, François de Grossouvre obtient son diplôme de docteur en médecine en 1942 et devient médecin du 11e cuirassier, sous le commandement du colonel Lormeau.
En 1943, il quitte le Service d’Ordre Légionnaire où il avait été affecté quelques temps auparavant pour rejoindre le maquis de la Chartreuse près de Grenoble et participe aux combats du Vercors sous le nom de guerre de « Clober » (un nom inspiré de Claudette Berger, sa future épouse).
Pendant la guerre, il fait la rencontre, à bord d’un bombardier, de Pierre Mendès France qui lui présentera François Mitterrand.
En 1943, il se marie avec Claudette Berger, fille de l’industriel Antoine Berger, qui lui donne six enfants : Patrick, Xavier, Isabelle, Marie-France, Nathalie et Henri.
Les affaires avant la politique
En quelques années, François de Grossouvre devient un brillant homme d’affaires, reconnu par ses pairs. Il s’impose à la tête des sociétés de sa belle-famille : Le Bon sucre (1944-1963) et A. Berger et Cie (1949-1963), fonde ensuite la Générale sucrière. Ses liens avec les limonadiers lui permettent même d’obtenir une licence exclusive de production de Coca-Cola. Un fait rarissime.
Il est parallèlement conseiller du commerce extérieur de la France (1952-1967) et vice-président de la Chambre de commerce franco-sarroise (1955-1962).
Puis il étend son domaine d’activité à celui de la presse : en 1953, il investit dans la création du magazine L’Express ; dans les années 1970, il devient actionnaire majoritaire des quotidiens Le Journal du Centre et La Montagne.
Quel lien avec la Sologne bourbonnaise ?
C’est à l’occasion d’un voyage en Chine, en 1959, qu’il se lie d’une amitié profonde et sincère avec François Mitterrand. Passionné d’équitation et de chasse, François de Grossouvre achète une propriété dans l’Allier, à deux pas de Château-Chinon, bastion du futur Président de la République… Cette propriété, « Trevesse », est située sur la commune de Lusigny, en Sologne bourbonnaise. Une propriété à laquelle François de Grossouvre était très attaché et où il reçut à plusieurs reprises François Mitterrand.
Elu Président de la République en mai 1981, François Mitterrand fait appel à lui dès juin pour prendre en charge tout ce qui a trait à la sécurité et spécifiquement les dossiers sensibles (Liban, Syrie Tunisie, Maroc, Gabon, Golfe, Pakistan et les deux Corées).
Parallèlement, il est président du Comité des chasses présidentielles, fonction qu’il conservera jusqu’à son décès. En juillet 1985, il quitte ses fonctions de chargé de mission pour devenir conseiller international des avions Marcel Dassault (1985-86), mais conserve néanmoins son bureau élyséen et son appartement de fonction du quai Branly. Il continue de travailler, dans l’ombre, pour l’Elysée.
François de Grossouvre est découvert mort par son garde du corps le 7 avril 1994 dans son bureau du palais de l’Élysée. Ses obsèques sont célébrées le 11 avril en l’église Saint-Pierre de Moulins, en présence du Président de la République François Mitterrand, de l’ex-président du Liban Amine Gemayel, des représentants consulaires du Maroc et du Pakistan, et des anciens ministres socialistes Pierre Joxe, Louis Mexandeau et René Souchon. François de Grossouvre est inhumé au cimetière de Lusigny.
Ces éléments sont extraits de diverses biographies.